Le rapport intime entre musique et érotisme

La musique et sa relation avec les autres arts

La musique, art aux multiples pouvoirs, pourrait être au-dessus des autres arts du point de vue de sa réception. En effet, elle entre en contact avec l’auditeur sans intermédiaire, elle va droit au but dès lors qu’elle apparaît, et s’ancre dans la mémoire de façon permanente. Elle est un langage qui n’a pas affaire à la raison, celle-ci est transcendée par ce langage qui touche les sentiments les plus profonds de l’être. La musique est liée, par essence, à la sensualité.
Musique et érotisme sont naturellement inextricables, les cris de séduction de certains animaux créent des rythmes, voire des mélodies. Le rythme est « l’expression musicale la plus proche du biologique », comme l’affirme Hans-Jürgen Döpp dans Musique et Eros. Est-ce un hasard si le rythme cardiaque s’accélère en fonction de l’excitation d’un individu ? Sans rythme, il n’y aurait, en fait, aucune passion. Par ailleurs, la pulsion est à la l’origine de l’œuvre d’art, seraient-ce les passions qui guident le génie de l’artiste ?
De plus, dans le langage proprement humain, on retrouve nombre de métaphores sexuelles comprenant des instruments, que ce soit en raison de leur forme ou de l’effet qu’ils produisent. Par exemple, une femme est souvent associée à un violoncelle, du fait de ses courbes, et le coït peut être représenté par un duo ou une musique de chambre, notamment.

Dès l’Antiquité, la relation entre musique et sexualité était très marquée. A cette époque, la prostitution était rattachée au savoir artistique, on enseignait la morale et les arts aux danseuses et musiciennes mais aussi aux hétaïres, courtisanes grecques d'un rang assez élevé. Les deux arts que sont la danse et la musique ne faisaient qu’un, les danseuses étaient accompagnées par les musiciennes qui jouaient, entre autres, de l’aulos pour divertir les convives lors de quelques beuveries. Ces femmes devaient ensuite assouvir les passions qu’elles éveillaient chez les hommes grâce à leur art. Vers les années 500, cependant, la musique, le théâtre et la danse furent condamnés à cause de la luxure qu’ils représentaient.

 

Adolphe Léon Willette, Le Gourmand, 1923

 

La danse permet d’établir le lien entre musique et prostitution pour de nombreux peuples ou tribus mais les rapports qu’ont ces deux éléments sont manifestes dans les peuples d’Orient. La danse du ventre en est le pilier. On trouve l’origine de cette danse érotique dans les mouvements de l’acte sexuel et doit donc, tout comme ce dernier, mener à l’extase. Les danseuses, aux longs habits transparents, dansent sur un rythme rapide, tournoient, tout en mettant leur corps en valeur. Les prostituées afghanes représentaient l’esprit artistiques, tout comme les prostituées de la Grèce Antique, les hommes préféraient donc la compagnie de ces femmes cultivées à leur vie monotone aux côtés de leurs épouses.

L’art, et tout particulièrement la musique, a toujours été, et demeure, lié à l’érotisme, que ce soit Vsevolod Salischev, Sirène, 1995dans la nature ou au sein de l’humanité, dans de nombreux peuples et cultures que je ne pourrai pas citer ici, compte tenu du format. Certains mythes évoquent également ce lien : les sirènes séduisent les marins grâce à leur sensualité physique mais aussi grâce à leur chant envoûtant afin de les noyer dans les abysses. Ici, le pouvoir de la musique et celui de l’érotisme sont irrésistibles, ils terrassent toute raison.

Nombreuses sont les œuvres d’art traitant de ce grand sujet qu’est « la musique et l’érotisme » : des poteries antiques, des miniatures perses, des peintures du XXEME siècle. En contemplant celles-ci les rapports entre les deux notions deviennent tout à fait évidents en ce qu’ils ont de naturel.

 

Publié le : 02/02/2019 à 13:29
Mise à jour : 23/07/2019 à 11:50
Auteur : Nina Carré
Catégorie : La musique et les autres arts

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