De Clara Schumann à Aretha Franklin

La place des femmes dans la musique classique à nos jours.

      Clara Wieck-Schumann, Germaine Tailleferre, Nina Simone, ou encore, plus récemment la regrettée et immense « reine de la soul » : Aretha Franklin, sont autant de femmes ayant contribué activement à la musique depuis toujours. Découvrons maintenant comment ces femmes ont usé de leurs talents afin d’exprimer leur génie.

Clara Schumann, compositrice de talent

      Clara Wieck-Schumann, née le 13 septembre 1819, est l’une des plus grandes pianistes et compositrices du XIXème siècle. Elle forme, avec le compositeur et pianiste Robert Schumann (1810-1856), l’une des plus célèbres histoires d’amour que la musique ait connue. Elle le rencontre grâce à son père, Friedrich Wieck, brillant professeur de piano de son époque qui lui donne des cours, qui a transmis par ailleurs son indéniable talent à Clara et qui lui permet de composer ses premières œuvres à l’âge de neuf ans. Elle compose son premier concerto dès l’âge de quatorze ans, qu’elle interprète à Leipzig pour la première fois en 1835. Pourtant, son mariage difficile avec Robert Schuman en 1840 totalement désapprouvé par Friedrich Wieck au départ, ainsi que sa vie de famille conséquente (huit enfants), n’empêcheront pas à Clara de continuer à organiser des concerts et de composer. Si Clara Schumann est une brillante compositrice, même les stéréotypes de l’époque, selon lesquelles une femme ne peut savoir composer, ne seront pas un frein à sa brillante carrière. C’est à la mort de Robert Schumann qu’elle arrête de composer et devient professeur, enseignant même le répertoire de son mari. Clara Schumann donne son dernier concert en 1891, avant de donner son dernier souffle le 20 mai 1896.

À écouter :

Concerto en la mineur Op.21 (1833-35)

Sonate en sol mineur (1841-42)

Trois Romances pour piano et violon Op. 22 (1853)

Germaine Tailleferre, femme de choc

      Germaine Tailleferre, née Marcelle Taillefesse le 19 avril 1892, est une femme compositrice française. Tailleferre est connue pour sa participation au Groupe des Six, groupe qui se réunissait pendant l’entre-deux-guerres, constitué de Georges Auric, Louis Durey, Arthur Honegger, Darius Milhaud, Francis Poulenc ainsi que Germaine Tailleferre. Ces musiciens qui partagent les mêmes idées musicales sont ainsi influencés à l’époque par les idées de Jean Cocteau. Le répertoire de Tailleferre est connu pour sa variété.

Elle commence la musique très jeune par le piano, et entre au Conservatoire de Paris et obtient très jeune ses premiers prix de solfège, d’harmonie, de composition, et d’accompagnement. Elle compose son premier concerto en 1923 pour piano et orchestre qu’elle joue en 1924. Plus tard, elle composera des musiques de films, et rencontrera même Charlie Chaplin. C’est en 1955 que l’ORTF lui commande cinq opéras bouffes pour la radio intitulé Du style galant au style méchant sur des livrets de Denise Centore. Ces opéras uniquement destinés à la radio, sont des pastiches du style des compositeurs tels que Rameau pour La Fille d’opéra, Rossini pour Le Bel Ambitieux, Offenbach pour Monsieur Petitpois achète un château, ou encore Charpentier pour La Pauvre Eugénie, la partition du cinquième opéra, Une Rouille à L’arsenic, écrite dans un style contemporain à Tailleferre, a, quant à elle, été perdue. Germaine Tailleferre décède le 7 novembre 1983 à Paris.

Tailleferre, et après ?

     En novembre 2014 s’est tenue pour la première fois une représentation de ces quatre premiers opéras à l’Opéra de Limoges, intitulé L’affaire Tailleferre. L’intelligente mise en scène représente un tribunal populaire, axé autour d’un narrateur (sorte de procureur), d’une magistrate, et des mêmes artistes pour ces quatre opéras. Le narrateur s’adresse constamment au spectateur ce qui lui procure un rôle intéressant de juré.

À écouter et à regarder :

Impromptu pour piano (1909)

Concerto pour piano et orchestre No.1 (1923)

Du style galant au style méchant (1955)

Rondo pour hautbois et piano (1973)

Nina Simone et son combat - « Mississippi Goddamn » et « Four Women »

            Nina Simone, née Eunice Kathleen Waymon le 21 février 1933 en Caroline du Nord, est connue pour être une grande chanteuse, pianiste, et compositrice de jazz, ainsi qu’une fervente militante des droits civiques des afro-américains. Elle est l’auteur de 34 albums, dont Nina Simone in Concert, qui marque ses débuts dans le mouvement des droits civiques notamment avec « Mississippi Goddam », ou encore A Single Woman, son dernier album, paru en 1993.

            Le 15 septembre 1963, quatre jeunes femmes (Addie Mae Collins, Cynthia Wesley, Carole Robertson et Carol Denise McNair) décèdent à la suite d’un attentat raciste commis par le Ku Klux Klan dans l’église baptiste, à la 16ème rue de Birmingham en Alabama. Cet attentat, ainsi que le meurtre de Medgar Evers, indigneront Nina Simone qui, témoin de ces actes racistes devenus banals

Aretha franklin (1942-2018)

 et voyant que la population soutient de plus en plus le Ku Klux Klan, écrira « Mississippi Goddamn » et « Four women » dans la foulée, chansons qui feront désormais de Nina Simone une militante engagée pendant le mouvement des droits civiques des afro-américains.

A écouter :

Mississipi Goddam (1964)

Four Women (1966)

I Want A Little Sugar In My Bowl (1967)

Backlash Blues (1967)

Aretha Franklin « reine de la soul »

      Aretha Franklin, toujours considérée comme la reine de la soul, est décédée le 16 août 2018. Brillante musicienne, Aretha Franklin en chiffres, c’est : 60 ans de carrière, 75 millions d’albums vendus, 44 nominations, 18 Grammy Awards. Mais c’est aussi une des premières femmes à rentrer au Rock and Roll Hall of Fame aux côtés d’artistes tels que Elvis Presley, The Beatles, Elton John, Janis Joplin ou, plus récemment, Nina Simone.

      Ce sont aussi des titres qu’ils l’ont poussée vers le haut tels que « Respect », « Think », « A Natural Woman », lors de ses débuts dans la soul, ou encore avec sa reprise de « Amazing Grace ». Et nous ne parlons plus de ses mythiques albums dont le célèbre I Never Loved a Man the Way I Love You (1967) qui lui valut un Grammy Hall of Fame Award, ou l’un de ses plus gros succès, Lady Soul (1968), ou encore, Aretha Now de la même époque.

      Plus récemment encore, Aretha Franklin a marqué les esprits le 29 décembre 2015 lors du 38ème Kennedy Center Honors en interprétant délicieusement « A Natural Woman », au point d’émouvoir l’ex-président américain Barack Obama qui versa une larme.

      Par la beauté de son très grand répertoire, Aretha Franklin a su émouvoir son public toujours au rendez-vous. Aretha Franklin restera « The Queen of soul ».

Accéder à la playlist : cliquez-ici

Publié le : 28/09/2018 à 09:18
Mise à jour : 01/06/2019 à 15:32
Auteur : BRAULT Aurélien
Catégorie : Focus

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